mercredi 25 avril 2012

Repenser la société de projet?

Un article de moi dans la lettre de l'Association Lyonnaise d'Ethique Economique et Sociale (ALEES):

« Le mot projet a remplacé le mot hiérarchie dans les manuels de management modernes » dénonce Franck Lepage dans sa conférence sur la « Qulture ». Les mots positifs ont cette influence insidieuse sur nos vies qu’on ne prend pas conscience de ce qu’ils impliquent au quotidien. Sous la désignation prometteuse de projet, nous avons appris à fonctionner avec des objectifs et des « critères intermédiaires » à valider pour vérifier la bonne voie de notre action. Certaines entreprises sont capables des plus belles aberrations pour valider les grilles de leur démarche « qualité » (un mot positif à repenser). J’ai entendu le témoignage d’une infirmière obligée de vider du liquide alcoolisé dans le lavabo, pour satisfaire la quantité de produit soi-disant nécessaire à l’atteinte du critère d’hygiène. Bien sûr, ce n’était pas l’objectif des personnes qui ont préparé consciencieusement la grille de critères, mais où plaçons-nous le temps du recul? Quand remettons-nous en question l’objectif final ? Prenons conscience ensemble que, sans projet, nous nous sentons paumés ! N’établissons-nous pas des projets de vie, des projets de naissance, des projets de vacances ? Laissons-nous suffisamment de place à l’apparition de facteurs aléatoires dans nos vies ? Ne nous mettons-nous pas des œillères par rapport à l’abondance qui nous entoure ? C’est seulement après avoir pris conscience de l’importance de ces questions que nous devrions nous permettre de poser un projet.


lundi 23 avril 2012

Eloge de l'inconfort programmé

"J'ai envie de me mettre au bord de la falaise et de sauter en faisant confiance à la vie pour là où elle me portera!". C'est la phrase que je répète de plus en plus à mon entourage tant cela me démange de goûter à la surprise, à la beauté et à la satisfaction de voir ma vie évoluer par l'inconfort programmé dans lequel je plonge mon quotidien! J'ai pris goût à la prise de risque depuis que j'ai participé à l'organisation d'un événement où nous avions décidé de ne pas appeler de sponsors et de faire confiance à la vie pour ce qui viendra. Tout est venu. Depuis j'ai quitté mon emploi pour apprendre de ce que me réserve la vie. De manière plus douce, mais également instructive, j'ai adopté une alimentation végétarienne voire crudivore et je remet de plus en plus en question les différents domaines de ma vie... Toutes ces mises en abyme me permettent de vivre si intensément que demain si je devais mourir, je sais que j'aurais pleinement profité de mon temps sur Terre!

Jacques Pezeu-Massabuau - Éloge de l'inconfort

Ce livre m'a permis de mettre des mots sur les mécanismes qui se jouaient en moi et en nous tous. Voici en résumé ce qu'il nous enseigne:

La vie est tellement imprévisible que viser le bien être par le confort n'est qu'une douce utopie! Comment profiter et rebondir sur les surprises de la vie en traînant un immobilisme de pensée et de comportement?! Le confort intellectuel (je ne parlerai que de celui là ici), prend sa source dans le passé où le "moi" retrouve un terrain connu. Ce bien être illusoire est accompagné du sentiment d'appartenance à une société qui, la plupart du temps, a construit les normes de ce confort. Nous tombons dans un conditionnement social où les habitudes et mécanismes automatiques nous permettent d'oublier cet inconfort moral de n'être plus soi :
"Je me construit ainsi un pseudo moi décrété libre, préservant un semblant de confort existentiel tout en demeurant soumis au jeu des nécessités, normes, divergences sociales qui m'ont définies en tant que moi et sans lesquelles je ne serai pas."
Ce conformisme est nécessaire à la sécurité affective de l'être qui se retrouve seul dans cette société à l'individualisme triomphant. Là où les sociétés premières faisaient face collectivement aux événements de la vie, l'individu se retrouve aujourd'hui seul et sans armes. Pour faire face, nous nous enlisons dans le lit douillet de nos avantages, privés d'interdépendance pour le soutien et la confiance réciproque, réduits à nous plaindre et à revendiquer.
"Ces trompeuses satisfactions cachent un inconfort généralement dénié mais dont chaque minute d'introspection révèlent la profondeur et le caractère inévitable"
Pour exercer nos véritables choix individuels, nous avons la possibilité de perturber notre quotidien, créant ainsi de l'inconfort, ultime espace du libre arbitre. L'homme est en recherche d'euphorie permanente, moteur de l'action dans l'acceptation d'un certain inconfort, moteur de la destruction dans un hédonisme automatique et par là même irréfléchi. Seule la connaissance du confort et de l'inconfort permet de choisir, d'exercer son libre arbitre...
"On sait que les codes - du beau et du laid, du misérable et du luxueux, du bon goût et du mauvais, de l'utile et du superflu et tout simplement du bien et du mal - sont nés et subsistent moins d'un consentement universel que par et pour des catégories sociales détentrices de l'autorité, de l'argent et du goût. Chez soi comme à l'école, on a appris à y voir un certitude légitime car fondée sur le silence, la coutume et la loi et non sur la vérité, intime et profonde de nos instincts et du corps [...]. Il est temps de faire retour sur ces leviers de la pensée dont chaque civilisation pèse sur nos réflexions et nos actes."

De l'inconfort à l'inconfort programmé...

Dans un univers où l'usage des commodités nous borne dans notre quête d'autonomie, nous oublions de remettre en question les standards qui font notre vie. Nous tombons alors dans une uniformisation de la pensée, un moutonnage politique qui va secrètement à l'encontre de nombreux idéaux. Par peur de l'inconfort, nous pavons notre vie, envers et contre tout, d'une voie intellectuellement satisfaisante mais génératrice d'une souffrance silencieuse. Nous ne faisons plus confiance en la vie, à sa beauté surprenante et enivrante, loin de tout repères...
"Le véritable bonheur d'exister naît du mouvement perpétuel vers une image à conquérir: non un ici et tout de suite, mais un départ sans cesse recommencé"
Cherchant à sortir des carcans de la société, l'auteur se lève tôt pour un footing et une douche froide. Il imagine ainsi avoir choisi cet espace de libre arbitre. Mais, si son choix se fait en réaction à la notion de confort donné par la société, et que l'inconfort perdure, il n'en est pas moins dépendant. En effet faire une chose ou son inverse dépend à chaque fois de la chose originelle. Où est le libre arbitre là dedans? Par contre, si sans savoir, la douche froide devient pour lui un élément de confort, alors cet inconfort temporaire lui aura permis de découvrir une autre vérité pour lui même. C'est là une toute nouvelle source de confort et de connaissance de soi: l'inconfort aura alors joué son rôle!

L'idéal est d'explorer ses zones d'inconfort en les programmant sur une courte période afin de mieux réaliser en quoi nous nous enfermons quotidiennement. Par exemple, il est possible pour chacun d'observer 21 jours de végétarisme ou de crudivorisme pour mieux se rendre compte de ses effets sur le corps, ce que cela produit en nous ou contre nous pour ensuite avoir un réel choix en face de soi: en connaissance de cause! Pour ma part, j'y ai découvert une légèreté du corps et de l'esprit ainsi que de nouvelles saveurs grâce à des recettes qu'on n'irait jamais chercher en tant qu'omnivore... Sans parler bien sûr de la déculpabilisation envers le traitement animal: j'ai donc choisi de devenir végétarienne! De même j'ai découvert par mes périodes de crudivorisme que je pouvais vivre en ne dormant que quelques heures par nuit: une vrai libération!


...pour libérer sa créativité

Ces premiers exemples personnels montrent les bénéfices individuels que chaque individu pourrait trouver à l'inconfort. Voici maintenant la puissance collective que revêt ce dynamisme, une puissance que les peuples premiers, et nous même à l'époque des Gaulois et des Celtes connaissions parfaitement! Les initiations avaient autrefois ce rôle de toucher les limites de la société et de nous permettre d'en sortir de manière sécurisée et acceptée. Par l'inconfort programmé en conscience, chaque être humain retrouvait son libre arbitre, un véritable choix de vie et une vision élargie! Chaque initiation faite en conscience permet à l'individu de reprendre contact avec sa nature intérieure, libérant ainsi sa créativité qu'il pourra alors offrir au monde...
"Ne vaut il pas mieux commettre une erreur créative qu'une œuvre de bon goût stagnante?" Philippe Starck (célèbre designer)
Mais pourtant la société tourne, et nos artistes s'occupent de nous fournir la créativité hors norme dont nous avons besoin pour nous titiller de temps à autre! En êtes vous si sûrs? Que se passerait-il dans nos métiers si nous nous mettions tous à devenir créatifs? Ingénieusement créatifs? Quel serait le comportement des gens dans la rue, une fois qu'ils auront touché leurs véritables besoins? Car "nous avons tous besoin d'ivresse!". C'est ce que constate Pierre Yves Albrecht en sortant de jeunes "drogués" des affres d'une vie qui ne les comprenait pas. Par la réintroduction des "initiations" que nos sociétés ont perdues, cet homme réussit le prodige renouvelé de faire reprendre contact avec la vie, ces êtres en manque d'intensité...Un exemple parmi d'autres de ce dont nos sociétés auraient l'air si nous acceptions un peu plus de nous plonger dans l'inconfort d'une vie intense...

Et vous qu'avez-vous avez mis en place dans votre vie pour la vivre plus intensément?

lundi 16 avril 2012

Les cartes de la vie

Depuis toute jeune, je jouis d'un environnement favorable dans une famille de classe moyenne, entourée de parents impliqués et relativement justes dans leur éducation. J'ai réalisé à quel point tout dans ma vie concourrait à mon bonheur. Même lorsque je ratais les concours pour lesquels j'avais passé une année supplémentaire de ma vie à trimer en classe préparatoire, je me rendais compte à quel point l'école dans laquelle j'avais atterrit était celle où je devais être: la vie savait mieux que moi finalement! Quelle chance de pouvoir avoir tout ce qui me comblait matériellement et de voir que le destin m'emmenait là où le bonheur m'attendait! Mais, à côté de ça, quelle culpabilité quand je voyais les autres aller de galère en galère...

J'étais complètement coincée dans la cisaille annoncée par Thomas d'Ansembourg: sois heureux car tu as de la chance d'être là mais n'oublie pas que la vie est difficile (vois les autres)! Ma vie illustrait totalement les conséquences de cette cisaille: je ne me permettais pas d'occuper pleinement ma place par peur peut être d'occuper celle des autres. J'ai pris un tournant certain le jour où j'ai arrêté de culpabiliser ma chance.


Culpabilisation induite

Il y a eu plusieurs étapes à la suite de ce changement. D'abord il m'a fallu réaliser que je n'avais aucune culpabilisation à avoir: à quoi bon? Cela n'apporterai rien à ceux qui n'ont pas ma chance! Un ami m'a même suggéré que si j'avais de la chance, c'était peut être parce que je la créait. C'est vrai que j'avais toujours eu un caractère enthousiaste et joyeux qui, selon la loi d'attraction, attire à soi les énergies similaires... Cela permet d'ailleurs assez logiquement de ne VOIR que le meilleur! Je voulais bien croire à cette explication car cela me permettais de répondre à mon besoin derrière ma culpabilité: comment permettre aux autres d'accéder aux même états que moi?

Cela dit, ce n'est pas si simple que ça... Partager avec d'autres les recettes qui font votre bonheur est tout un art! Lorsque vous contez votre expérience intérieure qui vous a mené ça et là, d'aucun se sentent coupable de ne pas y arriver et hop, on créé l'effet inverse: découragement, jalousie...



L'incompréhension... ou pourquoi le développement personnel rend d'abord les gens malheureux

C'est ce qui m'est arrivé encore une fois lorsque toute enthousiaste que j'ai l'habitude d'être, je partage avec sincérité ma joie d'avoir réussi à faire un pas supplémentaire dans ma vie: accepter de me laisser soutenir financièrement par mon copain. Mon égo avait quelque chose de fort en lui qui se voulait indépendant et auto-suffisant. Quelle liberté de savoir que je peux également compter sur d'autres personnes pour vivre! J'ai appris plus tard que cela rejoignais totalement les enseignements amérindiens: offrir à l'homme la fierté de pouvoir protéger le féminin dans son ensemble (à commencer par moi) en acceptant ma propre vulnérabilité et en lâchant prise sur ma capacité à m'en sortir seule (ce sur quoi je n'ai absolument aucun doute).

C'est avec toute la bienveillance de mon entourage que j'ai pu recevoir en réponse à cela "j'espère que tu mesures ta chance car certains n'ont pas vraiment le choix ils sont seuls et nécessairement  indépendants et essayent d'être auto-suffisants". ARGH. Quelle déception, quelle tristesse d'être si mal comprise, si peu encouragée dans cette démarche difficile... A se demander si ça ne leur ferait pas plus plaisir que je trime comme une folle pour être sûr d'être dans du connu...

Je pense qu'au fond cela voulait dire "nous avons besoin d'être rassurés car ton expérience nous renvoi à des moments difficiles où il nous a fallu nous débrouiller seuls. Nous souhaitons t'éviter de tomber de haut." Voyez la différence? Est-ce que le passé nous égare tant qu'on ne peut s'exprimer clairement sur ce qui nous anime: la joie et le soutient plutôt que la peur et les leçons? Il est vrai que faire un tel choix de vie nécessite d'être dans une attention permanente à l'autre et de ses sentiments par rapport à la situation. C'est ce que j'apprends à faire avec la communication bienveillante (CNV)...et ça fonctionne!


Vivre dans le présent pour être intensément dans la Vie

A l'heure actuelle, je suis incapable de réaliser autre chose que d'écrire et extérioriser tout ce qu'il y a en moi. La société dans laquelle nous vivons n'a pas encore jugé utile de mettre en place un revenu de vie pour tous les citoyens, et permettre ainsi à la créativité de chacun de s'exprimer... J'ai donc décidé de profiter de mon abondance et de ne pas nier les cartes que la vie m'offrait. Ce fut un long travail sur moi pour accepter de me laisser financer ce bout de vie.

Oui cela représente des risques, mais "être heureux ce n'est décidément pas nécessairement confortable!". Tous les enseignements auxquels je me ressource sont des rappels à vivre l'instant présent, à être au contact de ses émotions et à répondre à son besoin de partage pour avancer et faire avancer les personnes qui nous entourent. Car c'est en assumant totalement sa chance que l'on peut en faire profiter les autres! L'important n'est pas d'être l'être parfait sur ce chemin, mais de vivre intensément ce que cette voie nous apprend, car elle est riche, tout comme la vie!

Je veux occuper pleinement ma place pour vivre intensément ma vie et pourquoi pas inspirer ceux qui cherchent à sortir des carcans de cette société limitante...

jeudi 5 avril 2012

Pour une décroissance abondante

Mon rêve, en écrivant cet article, est de permettre à chacun de voir ce qui se trame au fond de lui même et à quel point l'abondance est proche de nous, compatible avec notre planète et favorable à l'enivrement de nos vies. Je rêve que nous retrouvions la joie de vivre dans un tourbillon de créativités individuelles et collectives ; que nos actes ne soient plus la justification de notre mal être face à la situation planétaire, mais bien naissant de notre besoin de partage et d'empathie envers tous les êtres humains. Je rêve que la Vie redevienne digne de confiance et qu'à chacune de nos décisions, nous nous allégions du poids d'un égo possessif et torturé...

Sentiment de manque

Pourquoi ne vivons nous pas la prospérité?
Le système économique dans lequel nous vivons est basé sur la rareté car c'est ce qui donne de la valeur aux choses. Ce culte de la rareté nous pousse à fonctionner par peur du manque, entraînant une capitalisation (parfois maladive) de tout ce dont nous pourrions un jour avoir besoin, à commencer bien sûr par l'argent...

On donne par bonne conscience, par conformisme à l'adage disant qu'il faut "donner pour recevoir", mais que valent ces dons? Nous ne croyons pas en l'abondance et pourtant elle ne dépend que de nous! Un objet rare et unique circulant au gré du besoin des gens est bel et bien synonyme d'abondance. Même dans un monde limité, la confiance en la vie (qui nous apporte ce dont nous avons besoin à chaque instant) ainsi que l'apprentissage du don réel et de la joie de recevoir (jusqu'à aller demander!) sont les clefs de l'abondance. La plus grande difficulté est bien souvent celle de recevoir, car recevoir un cadeau pour noël, c'est facile, mais comment recevoir un don réel, celui qui fait don de soi?! C'est pour ma part ma plus grande limite, à commencer par les free hugs...


Sobriété heureuse et abondance frugale

Si personne n'est capable de recevoir, comment pourrait se propager le don? Comment apprendre à recevoir avec joie si nous visons la sobriété?
Tout d'abord, voyons pourquoi sobriété et frugalité peuvent être mises en juxtaposition avec les notions de bonheur et d'abondance. Ces deux expressions appartient au lexique des décroissants qui considèrent que notre économie n'est pas compatible avec les limites environnementales de notre planète. Ils souhaitent attirer l'attention sur l’existence d'un chemin compatible avec le respect de notre planète et la joie d'y vivre! Bien que le message soit juste, les expressions utilisées recèlent un danger et pourraient bien nourrir le système en place... Notre esprit fonctionne ainsi que nous nous imprégnons des expressions tandis que le message qu'elles véhiculent s'efface... d'où l'importance de leur choix!



Oser voir ses souffrances...

La majorité des décroissants suivant la démarche de simplicité volontaire auront le plaisir de se déclarer heureux. Mais, sommes nous réellement capable de distinguer le véritable bonheur? Thomas d'Ansembourg, auteur du livre "cessez d'être gentils soyez vrais", nous met en garde contre ce devoir que nous avons d'être heureux: "puisque l'on peux toujours trouver plus malheureux que soit sur cette planète", "comment oserions nous être malheureux avec ce que nous avons, alors que tant de gens n'ont rien". Devant cette culpabilité généralisée, peu d'entre nous réussissent à observer les souffrances que les bouddhistes nous invitent justement à démêler pour atteindre le bonheur. Je partirai donc du constat que nous nous croyons heureux, mais que nous ne le sommes pas car le chemin est long pour y accéder et une majorité d'entre nous ne l'on pas même entamé.

... pour occuper pleinement sa place

Mais alors, pour toutes ces personnes au bonheur éphémère qui recherchent l'abondance lointaine, que reste-t-il? La sobriété et la frugalité... Thomas d'Ansembourg formule une deuxième injonction nous rappelant que depuis tout petit on nous rabâche qu'on est "pas là pour rigoler" et qu'il faut "travailler dur pour mériter ce qu'on a", créant ainsi "un mouvement de cisailles ou de mâchoire [en rapport avec la première injonction] qui casse ou broie l'élan de vie en instaurant dans le cœur de beaucoup d'entre nous non pas la confiance en soi et en la vie, mais le doute, voire la peur d'exister, d'être vivant, d'être soi, d'occuper pleinement sa place". Les mots sobriété et frugalité, ne sont-ils pas limitant pour nos esprits? Sommes nous capable d'occuper PLEINEMENT notre place en toute sobriété? Comment appeler à soi les ressources nécessaires à une vaste créativité si nous nous contentons du strict minimum? Ne sommes nous pas en train de nous mentir lorsque nous attachons nos efforts à faire preuve de sobriété, de simplicité, de frugalité et déclarons être heureux? Je ne retrouve pas la Vie... ces mots me coupent de toute joie, alors comment faire?


Voir au delà des désirs... le besoin

La communication non violente, CNV pour les intimes, est une méthode inventée par Marshall B. Rosenberg qui permet, avec de la pratique, de comprendre ce qui anime réellement nos actions et de répondre avec justesse à nos besoins profonds. Nos réactions aux situations de la vie courante sont d'importants révélateurs de nos besoins intérieurs et nous pouvons apprendre à les voir afin de reconnaître l'essentiel du superflu dans nos vies. Le superflu, par exemple, apparaît principalement avec les désirs et les envies de tous les jours. L'assouvissement de ces désirs aboutit à une satisfaction de bien courte durée, comme lors d'achats compulsifs. On notera d'ailleurs l'alimentation de cette caractéristique humaine par le système publicitaire qui l'exploite comme une vache à lait... [Petite pub les déboulonneurs et leurs actions anti pub justement ;) ]

Pratiquer la CNV, permet de comprendre ce que nos désirs cachent comme besoin inassouvis. Les besoins inassouvis créent la souffrance tandis qu'ils créent un sentiment de bien être lorsqu'ils sont assouvis. Le premier apprentissage est d'arriver à ne plus confondre nos désir avec nos besoins:
- un besoin est universels à tous les humains (bien être, survie, interdépendance...)
- un besoin est indépendant de toute personne, objet ou action
- enfin un besoin a pour caractéristique d'avoir toujours une multitude de façon d'être assouvis.
Lorsque ce besoin est mis à jour, il démultiplie l'énergie de nos actions car plus aucun frein ne persiste en nous. C'est ainsi que nous pouvons choisir en conscience les actions qui nous paraissent essentielles et cela sans le moindre doute. Selon l'individu concerné et le contexte de la situation, un voyage en avion peut par exemple se révéler essentiel dans la vie de la personne, répondant à un besoin profond pour laquelle aucune autre solution satisfaisante n'est possible.

Note pour ceux qui souhaitent aller un peu plus loin: Je vous invite à lire les excellents livres de Marshall Rosenberg et Thomas d'Ansembourg dont "Etre heureux, ce n'est pas nécessairement confortable" depuis lequel les citations précédentes ont été prises


De l'importance d'assouvir TOUS ses besoins

La satisfaction des besoins est quelque chose d'essentiel, à ne pas opprimer. Les besoins inassouvis génèrent une forme de violence au quotidien que l'on ne voit pas ou que l'on juge inhérent à la vie de tout être humain... Ce qui est dénoncé par de nombreuses spiritualités comme le bouddhisme par exemple: chacun a les ressource pour stopper ses souffrances. Une attention de tous les instants est nécessaire pour apprendre à démasquer nos réactions : réponses automatiques, colères, fuites... Ces réactions qui nous pourrissent la vie et celle des autres, sont pour moi la véritable pollution de cette planète...

Prenons le cas d'un militant écolo extrémiste (je connais bien ce cas pour l'avoir vécu de l'intérieur!). Cet individu est capable de nombreux sacrifices, poussé par son besoin de sens et d'authenticité mais dans l'oubli parfois de son besoin de préservation de temps et d'énergie. Cette lutte permanente en lui à travers ses actions, sans conscience de la violence qu'il se fait à lui même, peut se révéler dévastatrice dans sa communication avec les autres. C'est en effet dans ces cas là que vous entendez le discours écologiste directement culpabilisant qui ne vous donne qu'une envie, c'est de foncer dans votre voiture!

C'est ainsi que l'étau "sobriété heureuse" ou encore "abondance frugale" peuvent engendrer un effet non désiré: celui d'une frustration inconsciente génératrice de violence au quotidien et peu convaincante dans son rapport aux autres... Le message véhiculé à l'origine est juste, mais n'ayons pas peur des mots: soyons en abondance!

Alors, en route vers l'abondance ?