samedi 12 mai 2012

Se libérer des mots

La réalité est si complexe que nous ne pouvons l'exprimer par des mots. Lorsque vous parlez d'un éléphant, vous invoquez son Essence pour que tout le monde puisse savoir de quoi vous parlez, mais vous êtes loin de décrire sa réalité! Pour communiquer, nous avons besoin d'utiliser ces mots afin de traduire nos expériences, nos émotions... Certains peuples premiers utilisent le langage métaphorique: cela fige moins la pensée. Savez vous également pourquoi la Torah n'était écrite qu'avec des consonnes? S'entremêlant avec différentes voyelles, chaque mot pouvait ainsi décrire un univers entier. Il n'y avait pas une lecture, mais bien plusieurs lectures. De même que les meilleurs livres sont ceux avec lesquels on redécouvre un niveau de compréhension à chaque relecture, les Kabbalistes réinterprètent la bible...  Nombreux sont les exemples qui nous montrent l'étroitesse des mots que nous utilisons insouciamment tous les jours...


Le pouvoir des mots

Dans un précédent article je parlais déjà de la notion de danger que comportent les mots positifs. En effet, le mot "projet" a remplacé le mot "hiérarchie", tout comme le mot "qualité" cache ses faiblesses... Le danger vient que les mots forgent notre pensée, source inconsciente de notre action. L'exemple donné par Franck Lepage est flagrant: il y a quelques années seulement, ceux que l'on appelle aujourd'hui des "défavorisés" étaient nommés "des exploités" dans le vocabulaire courant. C'est toujours la même personne et la même situation: dans un cas on a comme une envie de le sortir de sa merde et de s'indigner contre "l'exploitant", dans l'autre, on se dit que c'est la faute à pas de chance et qu'il n'y a rien à faire... De tels mots nous endorment.

Dans un autre article, je parlais également de la difficulté de répondre à une "sobriété heureuse" tant le bonheur était une notion inaccessible à chacun si l'on s'y prend de manière directe et frontale. En effet, la recherche du bonheur posée comme telle n'offre aucun mode d'emploi... En réalité le bonheur est le fruit d'une réponse à nos besoins intérieurs: les fameux besoins satisfaits dont parle la communication non violente. En parlant de bonheur sans comprendre les besoins humains, on tombe dans un jeu pervers où l'individu s'annonce heureux, mais n'a aucune clef de compréhension du véritable bonheur... Sans une compréhension profonde des mots que nous utilisons (et c'est un apprentissage perpétuel), nous nous créons nos propres blocages. Les mots nous enferment dans une vision étriquée que nous croyons complète.


Les relations humaines en jeu

Certains se diront peut être "je n'ai pas envie de me prendre la tête, j'assume l'endormissement et tant pis si ma vision du monde est faussée..." Ok, sauf que cela n'implique pas que vous! Les mots étant utilisés dans le langage pour communiquer avec les autres, ce fourvoiement crée des souffrances inutiles chez les personnes que l'on fréquente. Il y a une expression qu'un ami m'a cité récemment "l'enfer est pavé de bonnes intentions". Malgré toutes les bonnes intentions que vous pourriez avoir pour les personnes qui vous entourent, le pouvoir des mots vous empêchera de les réaliser. Cet enfer est un lieu de solitude et de division des êtres:

Prenez le cas de parents qui, remplis d'amour pour leurs enfants, les forcent à agir selon leur vision d'une vie heureuse. Les enfants sont coupés de leur nature car ils n'ont pas le loisir de rechercher ce qu'est le bonheur pour eux. Les parents sont contents car, même si leurs enfants ont une vie difficile, ils se sentent écoutés et considèrent avoir "de bons enfants"... Que dire de cet amour poussé par l'auto contentement? Notre vision du bonheur est-elle bien celle qui correspond à nos enfants? N'est-il pas important de se poser cette question pour ensuite être attentifs à leurs besoins (attention, il s'agit là des besoins de survie, d'interdépendance... pas des caprices) afin de les rendre véritablement heureux? Comment faire cette démarche pour eux, si nous ne l'appliquons pas déjà pour nous?


La méconnaissance de la nature des mots que nous employons nous divisent et nous enfer-ment. Croyant posséder les mots, nos discussion se transforment facilement en partie de ping pong virtuelle qui seront bien peu productive et génératrice de clivages... Souvent pourtant, une expérience viendra donner tout son sens aux mots qui dans un premier temps nous bloquaient lors du face à face. Le rôle des débats ou des blogs, pour moi, est de révéler des opportunités futures ou bien d'affiner sa vision présente grâce au retour d'autrui. Tout partage doit être motivé par une quête de vérité, ainsi, nous devrions tous être capables d'écouter un avis opposé sans avoir besoin de réagir si ce n'est pour clarifier les pensées... Souvent nos réactions sont plutôt motivées par de l'auto-défense, et la peur projetée de faire souffrir celui à qui l'on va opposer un argument nous coupe parfois d'un dialogue fructueux... Alors merci pour tous vos commentaires, de quelque nature qu'ils soient!

"Blesse moi avec la vérité, mais ne m'épargne pas avec un mensonge"

Nature et nature

Une amie m'a justement envoyé un article semblant s'opposer à mon dernier post sur les rapports homme-femme. C'est en y voyant Yves Bonnardel faire un amalgame entre nature et Nature, que je me suis rendue compte que je faisait le même dans ma tête [d'ailleurs celui-ci a relevé un autre amalgame: celui fait entre les mots loi et Loi, voir la fin de son article]. Il ne faut pas confondre la Nature en tant que milieu naturel et la nature d'un être. Il n'y a bien sûr pas d'être hors-Nature dans le sens où chacun a sa place sur Terre. Il existe cependant des actions hors-nature: ce sont celles qui sont coupées de notre moi profond. Or, pour contacter notre nature profonde, le libre arbitre de chacun doit pouvoir s'exprimer pleinement, sous peine de se retrouver en peine à obéir à un ordre Naturel que l'on nous aurait instruit. Nous devons pour cela sortir au maximum des schémas de la société...

Peu de personnes sont malheureusement dans cette volonté. La colère de l'auteur qui souhaite "en finir avec l'idée de nature" répond donc à un constat réel: une révérence inconditionnelle à tout ce que le mot nature évoque en nous, à commencer par la peinture verte des publicitaires... Heureusement, un indice peut nous indiquer si notre nature s'exprime ou non: la fluidité et le plaisir qui surgit dans nos vies à chaque instant. Plutôt que de suivre la berge du fleuve sinueuse, imprévisible et légère (le courant est moins fort sur la berge), ne pas écouter sa nature revient à ramer à contre courant au milieu de la rivière... Le piège, souvent est que le milieu du fleuve est rassurant: on a l'impression de mieux savoir où l'on va... mais à quel prix? La plus grande difficulté est donc d'apprendre à ne pas se mentir à soi même, et à reconnaître en soi les moments légers de ceux où l'on rame un peu trop fort...

J'illustrerai ce principe en montrant en même temps que la nature d'un être s'exprime différemment en fonction des contextes, et doit être sans cesse réinterrogée. Lorsque j'exerçais mon métier d'ingénieur, j'étais en plein apprentissage: ma nature curieuse s'exprimait. J'ai passé 2 années à travailler ainsi, et cela était juste pour moi car tout était fluide. Passé ce temps, l'apprentissage s'estompait et j'ai découvert une nature plus sauvage faire surface: je ne tenais plus sur une chaise, je m'indignais sans cesse contre la société sans avoir la liberté de mes actions et je dépassais régulièrement les bornes qu'on me posait: j'ai perdu la berge et ramais au milieu d'un torrent en crue! J'aurais peut être pu endormir cette nature en me "raisonnant" sur la condition inespérée de travailler dans ce qui fait ma passion (l'écoconstruction) et dans un cadre très sympa qui plus est. Mais ce travail se révélait à cet instant, aller à l'encontre de ma nature. A la grande incompréhension de tous, je le quittai.


"Ecoute ton coeur"

Ce qu'est l'Essence


A la suite de cette précision entre nature et Nature, restait encore un flou en moi: quel est le lien entre la nature et l'Essence? Il me semble que, plus nos actions correspondent à notre nature, plus elle se font avec aisance et facilité, plus nous approchons de notre Essence. C'est aussi en recherchant cette Essence que nous pouvons expérimenter des actes qui nous rapprocheront peut être de notre nature. Les Essences proposent un rôle à l'homme et à la femme, mais ce rôle détermine bien une façon d'être, plutôt qu'une action précise. Dire que la femme doit être au foyer la cantonne à un certain type d'action indépendant du contexte et de son ressenti. Or sans contact avec le ressenti, il n'y a pas de contact avec sa nature profonde... On est loin de l'Essence!
Dire que l'Essence de la femme se situe dans l'accueil et la vulnérabilité ne la contraint en rien à une action prédéterminée. C'est à chacun-e d'explorer cette dimension que l'on s'autorise peu de nos jours, pour mieux contacter notre nature intérieure et harmoniser les domaines de notre vie qui ne sont pas fluides. C'est à chacun-e de trouver sa façon d'agir en fonction de son ressenti et du contexte qui lui sont propres, en programmant s'il le faut des temps d'inconfort pour mieux comprendre ce que l'Essence a à apporter... Car l'Essence est un guide, sa recherche initiatrice.

L'initiation commence justement lorsque nous devons apprendre à reconnaître en nous notre nature Ying Yang que décrit la sagesse Asiatique. L'un des enseignements de ce symbole est qu'en chacun de nous se côtoient l'Essence du féminin et du masculin. Cependant, il est important de comprendre que le féminin de l'homme (l'anima) ne s'exprimera pas de la même manière que le Féminin de la femme. Et inversement. Ainsi, à notre époque, beaucoup de femmes ont adoptées une Essence Masculine, réalisant une attitude très "rude" pour pouvoir accéder aux milieux de pouvoir détenus par les hommes. L'aspect féminin de certaines ne fait que recouvrir l'adoption d'un comportement plus pénétrant qu'accueillant... Cette étape était sûrement une étape nécessaire, mais ce n'est plus en imitant la lutte et la confrontation masculine que les femmes pourront exercer leur féminité profonde et permettre aux hommes d'accéder à la leur. Comment permettre à ceux ci de trouver le chemin de leur propre anima si les femmes qu'ils ont en face leur montrent uniquement les caractéristiques d'une société patriarcale déviante? Que cela ne nous empêche pas de lutter si nous en ressentons le besoin! Mais apprenons à lutter avec fluidité, dans l’accueil et le plaisir...




La nature floue de la vie et des Essences

Un deuxième enseignement du symbole Ying Yang, pour moi, est que tout n'est pas blanc ou noir. Pendant que le monde occidental se construisait sur une logique binaire (1 ou 0 / bien ou mal), les asiatiques, eux développaient ce qu'on appelle la logique floue. Bien que les deux logiques aient leur intérêt pratique, il me semble que nous ayons tout intérêt à nous intéresser à cette dernière, pour nous familiariser avec des notions réelles que nos problèmes d'éthique ont du mal à cerner:
"La définition même de « l'humain » reste extrêmement floue. Les fœtus sont-ils des humains ? Quid des spermatozoïdes ou des ovules ? Quid des individus en coma dépassé, que l'on se sent obligés de déclarer en état de « mort clinique » (alors qu'ils restent indubitablement vivants) pour s'autoriser à les « débrancher » ? Le critère de l'humain ne correspond ainsi en rien à une définition scientifique qui serait acceptable par chacun, indépendamment de ses présupposés philosophiques ou théologiques." Yves Bonnardel
Il n'existe pas une définition exacte de l'humain, incroyable non? Pourtant, en Essence, on comprend tous ce qu'est un humain! Avec un raisonnement calqué sur la logique floue, nous pourrions conventionnellement fixer le degrés zéro de l'humain aux spermatozoïdes par exemple, et exprimer que l'embryon se rapproche de l'Essence humaine au fur et à mesure de sa croissance... Ensuite à nous de voir si un début d'être humain doit répondre aux même règles qu'un être humain complet... Il n'empêche que la dénomination laisse déjà plus à réfléchir je trouve.
De la même façon, j'avais pu constater avec mes recherches sur le temps (qui feront l'objet de futurs articles) à quel point notre monde occidentalisé avait inventé la précision. En effet, le temps scientifique nous fait distinguer jusqu'aux micro secondes, et nous sommes quasiment tous dépendants d'un agenda parfois chargé à la demi heure près:
"En Afrique subsaharienne, la mesure du temps n'est pas quantitative et la notion d'exactitude y est inconnue. Tout se fait par petites touches, par approximations. Du temps et de sa maîtrise, les cultures africaines semblent dire, par ce vague qu'elles entretiennent, que toute production d'un calendrier est une écriture en marge de la Nature." Pr. Balandier
Dans "introduction à la pensée complexe", Edgar Morin rejoint également ce constat: bien que l'on puisse fonctionner en connaissant les Essences de l'amour et de l'amitié, plus on essaye de les définir, moins leur frontière sera distincte... L'homme occidental, n'a plus conscience de cette qualité essentielle de la Nature. Il est illusionné par la croyance d'un temps réduit à un support millimétré lui permettant d'organiser ses projets. Illusionné également par les mots et les définitions dont il a besoin pour comprendre le monde. En pratiquant une plus grande attention à la nature du temps et de la vie, nous pourrions bénéficier à la fois des avantages d'un monde précis tout comme de ceux issus de ce monde ouvert aux hasards et aux synchronicités.

Chercher son Essence, Trouver son pouvoir

Les Essences de l'homme et de la femme sont également floues! Il n'en reste pas moins qu'elles existent et sont différentes... Bien trop souvent, j'ai pu constater cette logique implacable disant que "puisque l'homme et la femme doivent devenir égaux, ils ne doivent pas être différenciés". Les erreurs du passé amènent notre esprit rationnel à supprimer la cause estimée de notre mal être: en gommant les différences homme-femme, aucun risque de retomber dans les schémas sclérosants de l'homme travaillant pour la femme au foyer... Pourtant, l'égalité de l'homme et de la femme doit elle nous soustraire à leur complémentarité naturelle? Bien sûr que cette fameuse complémentarité est recherchée et appréciée, c'est bien le but de l'égalité des sexes... Cependant, en ne permettant pas à chacun d'entrer pleinement dans son essence, ne nous coupons nous pas d'une réelle force?

Que serait une société où l'on nierai la différence entre l'amour et l'amitié sous prétexte qu'il existe de "l'amitié amoureuse" ou encore de "l'amour amical"? Adolescente, je me trouvais justement en pleine confusion avec mon premier amour... En m'interrogeant sur l'Essence de l'amour et de l'amitié, une seule réponse m'étais apparue: "si je l'aime vraiment, je devrais pouvoir être totalement moi-même avec lui". Ce n'était pas le cas, alors j'ai rompu. Interroger l'affirmation de son identité est vraiment la pierre de touche pour détecter UNE frontière entre les Essences, celle dont nous avons besoin dans un certain contexte de vie pour nous permettre de trancher et agir... 

Concernant les Essences de l'homme et de la femme, le cas est encore plus complexe. Difficile en effet de voir si la complémentarité des genres exerce son plein potentiel! Dans le cas de mon premier amour, je pouvais aisément juger de mon comportement avec ou sans lui. Concernant ma propre Essence, difficile de savoir si je suis pleinement moi même sans chercher à l'expérimenter et donc sans chercher à me définir... En choisissant de rompre avec mon premier amour, j'ai gagné un pouvoir énorme sur ma vie. Nier la différence entre l'homme et la femme, c'est retomber dans une confusion d'adolescent qui nous pousse à adopter des comportements, souvent incohérents avec notre nature profonde. La recherche de l'Essence pousse vers notre recherche d'identité, nous faisant gagner en liberté sur nous même et construisant une complémentarité soudée avec l'autre sexe.


Transcender la logique binaire

Je pense que cette appréhension de certains à toucher aux Essences vient de notre logique de pensée. Notre société rationnelle pensait pouvoir décrire le monde avec un modèle carré et précis, un univers Newtonien où toutes les expériences peuvent être isolées et mises à l'étude. Mais nous ne changerons pas la réalité, et celle ci est floue, ses frontières indéfinissables! Bien que la science réalise des progrès certains dans ce domaine, il n'en reste pas moins que nos esprits ont du mal à jongler avec ces notions. Nous avons appris à fonctionner avec une vision très précise de nos projets, du temps, de nos idées, mais la Nature n'a pas l'intention de rentrer dans le rang...
"Dans la vision classique quand apparaît une contradiction dans un raisonnement, c'est un signe d'erreur. Il faut faire marche arrière et prendre un autre raisonnement. Or, dans la vision complexe, quand on arrive par des voies empirico-rationnelles à des contradictions, cela signifie non pas une erreur mais l'atteinte d'une nappe profonde de la réalité qui, justement parce qu'elle est profonde, ne peut être traduite dans notre logique." Edgar Morin

Le processus de recherche des Essences, tout comme les débats sont important pour modeler notre identité et notre vision du monde. En restant braqués sur des mots pour décrire le monde et en débattre, on passe à côté d'une réalité bien plus complexe. Avez vous noté comme notre intelligence est étriquée? Avez vous ressenti l'intelligence remarquable dont semble dotée la Nature? En me confiant à mon ressenti intérieur, à ma nature profonde, j'ai fait l'expérience répétée de voir apparaître l'harmonie: ces moments où tout semble prendre une place parfaite, un chemin empli de synchronicités. C'est par un dialogue permanent avec notre nature profonde et dans nos relations avec autrui que "le monde empirique transcendera tout délire logique" (E. Morin)... La vie nous demande d'interroger notre cœur pour sortir de la prison des mots, cesser de nous diviser sur des idées et affirmer notre identité, tout en nous confiant à cette intelligence qui nous dépasse.


Libérons nous des mots par nos cœurs qui battent le rythme de notre nature profonde!

vendredi 4 mai 2012

Vers une harmonie homme-femme

Comme l'avaient annoncé de nombreux auteurs tels Bernard Lietaer, économiste ou encore Paulo Coelho, auteur philosophe, le monde a définitivement renoué avec le féminin sacré. Au bord des crises financières, humaines et environnementales, la société du XXIème siècle a bien failli s’autodétruire. La nature étant bien faite, ce sont justement ces crises qui ont permis de sortir d'une société patriarcale, source d'incohérence pour le fonctionnement de l'humanité. Une biodiversité de monnaies de nature féminines et locales a fait son apparition. Les précarités apparues lors de la chute des systèmes financiers planétaires ont naturellement permis une redécouverte des essences du féminin et du masculin à travers la nécessité d'un tout nouveau soutien. L'harmonie entre l'homme et la femme a ré-ouvert la voie vers une société plus en conscience de son environnement. L'humanité redécouvre la magie du vivant, dans une dynamique renforcée par les épreuves du patriarcat d'antan.


Le mouvement féministe

Le rêve qui précède nous parle d'une harmonie entre l'homme et la femme. La nature ne nous a pas placés ici pour nous battre continuellement à obtenir une égalité des pouvoirs, mais bien pour prendre chacun notre place au service du vivant... Pour comprendre cette lutte des pouvoirs, il nous sera profitable d'étudier l'histoire du féminisme. Par sa réaction vive face au patriarcat, ce mouvement a su dénoncer les incohérence du passé pour ouvrir la voie à notre futur:

A l'heure de la révolution Française, les femmes jouèrent un rôle important dans les luttes qui ont permis à la France de se séparer du pouvoir en place. Les femmes y prirent la parole et les actes, très vite "coupées" par leurs confrères dont la majorité les préféraient à la maison... Quelques années plus tard, fortes des nouvelles révolutions qui secouent la France, celles-ci obtiennent le droit au travail et dénoncent le mariage comme système de prostitution légal. Dans les années 1860, un fort mouvement pour l'éducation des femmes voit naître les premières écoles féminines. C'est dans les années 1880 que le mouvement féministe s'organise.

Lors de la "première vague" les femmes obtiennent le droit de vote, fortement relié aux deux guerres mondiales. Dans les mouvements anglo-saxons, la virulence des féministes pour ce droit leur permis d'accéder aux urnes plus de 20 ans avant les Françaises, "récompensées" de leur effort de guerre.
La "deuxième vague" du mouvement réalise de belles avancées sur l'égalité des droits sociaux. Nous obtenons le principe d'égalité des salaires, l'égalité des représentations au pouvoir, la souveraineté de nos corps (pilule et avortement)... Alors que les premiers mouvements prônaient les valeurs du féminin, le rejet d'un rôle social imposé par la société - appelé sexisme, divisa le mouvement. Il est intéressant de constater que cette division est étroitement liée à la reconnaissance des peuples (racisme) et des différents types de sexualité (homosexualité, bisexualité...).



La troisième vague

Selon moi, nous sommes toujours dans la deuxième vague du courant féministe. Comme dans tout processus créatif, la différenciation des opinions permet de sonder le problème en profondeur. L'évolution naîtra d'une toute nouvelle compréhension des camps vers une étape plus juste, unifiée. C'est de cela dont j'aimerai parler ici. Regardons pour cela de plus près ces deux "camps" auxquels je m'intéresse: les constructionnistes et les essentialistes [je vais être obligée de simplifier les courants, bien sûr que la réalité est plus complexe, merci de vous attacher au raisonnement et à la conclusion].

Les constructionnistes considèrent que les différences entre l'homme et la femme sont essentiellement (voire totalement) construites par la société: typiquement, les filles en rose, les garçons en bleu. Cette mouvance est rejointe par la "théorie queer" qui offre aux homosexuels une explication théorique à leur personnalité, évitant ainsi de les poser en "anomalie de la nature". Cette théorie cherche à uniformiser les genres, les sexes et les races sous le même terme afin de mettre tout le monde sur le même pied d'égalité.
Il me semble que derrière cette uniformisation se cache une peur de la perte de liberté devant une obligation sociale conformante et autodestructrice à un rôle préétabli, à une étiquette indélébile: les femmes à la maison, les blacks aux cuisine, les homo tous des drogués... Mais est-ce que l'uniformisation des différence nous fait regagner notre liberté? Je crois plutôt qu'elle renforce le cloisonnement, pointant la différence à travers la dénomination inverse. Les "queers" restent victime du conditionnement sociétal... et il en va de même de tous les courants uniformisants.

Les essentialistes, quant à eux étudient la différence des essences féminines et masculines. Là encore ressurgit le problème de la sexualité et des races. Le féminisme différentialiste postule une essence féminine (comportement, écriture...) qui justifierait une différence de comportement entre les deux sexes. Cet article montre en grande partie les dérives possibles de cette théorie, basées bien souvent sur une application aveugle de la traduction en mot des Essences et des Lois de la Nature... Pourtant, ce mouvement ainsi que l'ethno-différentialisme revendiquent un "droit à la différence". Je ne pense pas que cela vienne en contradiction avec le mouvement précédent, seulement, il est difficile de comprendre les subtilités qui permettent de pacifier les rapports homme femme. Oublier voir renier cette différence de genre entraîne également de la souffrance: combien de jeunes filles devront encore avoir honte de leurs règles, ne pas être enseignées à cette particularité fondamentale de leur Essence?! N'y a t-il pas un moyen pour les femmes d'obtenir l'égalité des pouvoirs sans sacrifier leur féminité (trop souvent le cas de nos jours)?


Vers une compréhension croisée


Les deux mouvements stagnent sur des positions qui semblent s'opposer: d'une part le conditionnement sociétal, d'autre part la reconnaissance de la différence de chaque être par son essence. Ces deux constats sont des réalités, aucun des deux ne peut et ne doit être nié.

Pour analyser la problématique, nous allons nous intéresser à l'homosexualité. Il est important de constater que ce n'est pas le type de sexualité pratiquée qui indique ou non qu'un être est dans son essence... Certains homosexuels peuvent être dans leur nature, tout comme la plupart des hétérosexuels, je pense, ne le sont pas! Les homosexuels sont des hommes qui vivent une expérience toute particulière due, peut être à un conditionnement sociétal et à la Nature elle même. Ceux ci doivent obtenir la reconnaissance de ce chemin de vie pour mieux se comprendre, tout comme chacun d'entre nous devrait regarder ce qu'il vit d'insatisfaisant dans l'instant. Car l'incohérence avec soi-même est autodestructeur...

La plupart des peuples également sont hors de leur nature car identifiés à leur passé [Cela fera certainement l'objet d'un autre article, en attendant vous pouvez consulter cette vidéo tiré du milieu du travail (aller à la minute 5:25 pour l'essentiel)]. Enfermés dans leur rôle de victime, bourreau ou sauveur, ils n’occupent pas pleinement leur place en ce monde. Cette place qui pourrait être si profitable à l'humanité entière à condition de comprendre son essence et d'affirmer sa spécificité. Enfin, vous l'aurez compris, il en va de même pour l'homme et la femme. Leurs Essences définissent des projections ou des propositions de genre à expérimenter comme telles, au regard de notre nature: notre être individuel. Et si l'affirmation de notre Essence nous ouvrait les portes de la liberté, celles qui nous sortiraient du conditionnement sociétal?



L'égalité des sexes différenciés dans ma compréhension de la tradition Algonquine*

(et peut être même dans la tradition de tous les peuples Amérindiens)

Dans cette culture, la femme est de nature Terre. L'homme est de nature Ciel. Leur rôle ainsi que leur chemin sur Terre se complètent et s'enrichissent par ces deux natures bipolaires. C'est un mécanisme énergie/matière où l'homme vient impulser de l'énergie à la femme et où celle ci lui permet de trouver un appui, une structure. Pendant que l'homme "se bat" pour essayer de se sentir, la femme pénètre au plus profond de sa nature éthérée. Guidée par son corps, au contact de ses émotions et dans l'observation intuitive de ses cycles, la femme a la capacité d'acquérir une connaissance du monde. A une certaine époque, les femmes ainsi enseignées, devenaient les initiatrices de l'homme puisque celui ci ne dispose pas de ces outils. Difficile pour lui (mais pas impossible) de saisir la réalité de l'univers terrestre dans lequel il vit. Par son partage avec l'homme et dans sa relation à l'homme, les opposés complémentaires trouvent un appui nécessaire à leur créativité.

Comment procédait cette dynamique polarisée? D'une part, l'homme, en admiration devant l'ingéniosité du corps féminin, respectait sa place et considérait sa présence à tous les niveaux de la société comme sacrée. A l'instar des amazones, les femmes avaient compris qu'elles étaient en mesure de répondre à tous leurs besoins terrestre sans l'aide de l'homme (c'est ce dont nous avons également fait l'expérience pendant les deux guerres mondiales). Toute l'intelligence de ces Amérindiens fut de comprendre la complémentarité de l'homme et de la femme au sein du processus d'évolution.

Bien que sachant tout faire naturellement, les femmes dans leur rôle d'initiatrices, se rendent volontairement vulnérables dans le but de guider l'homme vers l'élément Terre. Cette vulnérabilité offre un terrain d’expérimentation de la matière en permettant à l'homme de mettre son énergie dans un rôle de protecteur. En découle une fierté stimulante pour celui ci. En accédant à sa vulnérabilité la femme, quant à elle, pénètre au plus profond de son être. Sécurisée par la protection des hommes, elle entre en contact avec cette force éthérée de l'élément Ciel. Les deux genres avancent toujours plus loin sur la voie de ce cercle vertueux... Chaque Essence occupe pleinement sa place et favorise la prospérité de l'humanité.

En peu de temps cependant, l'arrivée de l'homme blanc vint perturber cet équilibre fragile. Hommes et Femmes entraient dans le monde occidental, souvent de manière violente et non désirée (évangélisation des "sauvages"). Que les essences terre et ciel vous parlent ou pas, je vous laisse constater que cet équilibre fragile a fonctionné pendant des siècles dans cette civilisation, et y revient doucement...

Des dérives...

Il semblerait que plusieurs civilisations aient autrefois fonctionné selon ces principes, dont les Celtes... On peut rapidement imaginer deux dérives principales à l'équilibre harmonieux de ce mode de fonctionnement. Tout est une question de jonglage avec le pouvoir. Le premier, dans lequel on retrouve certaines amazones, consiste à utiliser le service de l'homme pour en faire un type d'esclave consentant. Les femmes reprennent alors le contrôle de la société en investissant totalement les rôles de guerrière (parfois) et de travailleuse (souvent). A noter que le problème n'est pas d'être guerrière ou travailleuse, mais de ne plus laisser la place aux hommes dans ce domaine. Le second est bien sûr le patriarcat dans lequel l'homme profite de la vulnérabilité féminine pour y placer son pouvoir. Les femmes de notre époque, privées de sécurité, tombent dans un système de défense, et s'entourent d'une solide coquille... Notre société ne laisse pas encore assez de place à la vulnérabilité, aux larmes...

Je trouve intéressant de constater que les dernières revendications féministes fortes portaient justement sur la souveraineté de leur corps. Le droit à l'avortement et à la contraception furent des avancées nécessaires à l'émancipation de la femme. Mais le côté très "patriarcal" de ces méthodes doit être revu au goût du jour. La femme peut en effet réapprendre à connaître le pouvoir qu'elle a sur son corps: maîtrise psychologique des cycles menstruels et de la grossesse entre autre (expérimenté plusieurs fois avec succès chez moi pour les règles, pas encore d'erreur sur le second!).

Quel que soient vos croyances, les amérindiens ont montré que ce principe fonctionnait. L'homme au service de la femme est bien un modèle possible pour le bien être des deux genres. N'est-ce pas jeune homme?


L'homme au service des femmes en conscience

J'ai le plaisir de vivre avec un homme qui se met au service des femmes à commencer par moi. Au début, j'avais beaucoup de mal  à l'accepter car je ne voulais pas d'un petit esclave et je n'avais pas compris ces notions de vulnérabilité bénéfique pour moi, de fierté et d'expérimentation bénéfique pour lui. C'est sans le savoir que j'ai pu faire un premier pas comme je l'avais précédemment noté dans cet article. Très vite confirmé dans sa justesse par un stage réalisé avec T8aminik et Marie-Josée dont les enseignements sur la sagesse Algonquine m'ont permis de mieux comprendre les énergies qui se jouaient. D'ailleurs, en rentrant de ce stage, je passait un coup de fil à mon amoureux avec une simple question "ça te dirait de faire de l'exercice?". Pas besoin d'en dire plus, il est tout de suite descendu récupérer mon sac! Plus tard il me confiera qu'il était justement en train "de ne pas faire grand chose devant son ordinateur" et que ça lui a fait du bien de se dégourdir les jambes. Selon lui l'homme s'expérimente en testant ses limites: "là je monte l'escalier trop vite, je m'essouffle"...

La confusion dans laquelle baigne notre époque nous mène doucement à notre auto-destruction. Il est urgent, et tellement plus agréable, de pénétrer dans notre Essence! Pas de phénomène de société ici... C'est à nous, les femmes, de redécouvrir notre corps puisque le patriarcat a grandement effacé la voie... C'est à vous, les hommes, de vous mettre au service des femmes et de leur offrir la possibilité d'aller jusqu'à leur point de vulnérabilité tout en sécurité. Plutôt que de lutter (hommes et femmes) brutalement pour retrouver une harmonie entre les sexes, pourquoi ne pas mettre en place au sein de nos foyers cette complémentarité de l'homme et de la femme?

Regardons d'un œil nouveau les vulnérabilités naturelles de la femme : les cycles menstruels et l'attente d'un enfant. Ces moments sont les premières portes des femmes modernes pour retrouver le contact avec leur féminin et renouer avec un fonctionnement en nature. Renouer également avec les cercles d'homme et de femme qui permettent à chacun de jauger ses actions en fonction de son genre puis de retrouver la mixité dans une plus grande cohérence avec le vivant... Il est important de comprendre que les principes d'Essence sont des projections globales et floues. Personne ne doit fonctionner comme proposé dans cet article s'il ressent au fond de lui une incohérence avec un tel modèle, par contre l'invitation est d'essayer pour mieux comprendre ce que ces rôles ont à nous apporter mutuellement. Retourner à un cycle plus proche de la nature en y apportant les enseignements de notre passé, voila une idée qui me plaît...

Êtes vous prêt-e-s à expérimenter les complémentarités de l'homme et de la femme ou préférez vous peut être la confrontation?


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*Validation du paragraphe sur la tradition Algonquine en cours auprès de T8aminik Rankin et Marie-Josée!