lundi 16 avril 2012

Les cartes de la vie

Depuis toute jeune, je jouis d'un environnement favorable dans une famille de classe moyenne, entourée de parents impliqués et relativement justes dans leur éducation. J'ai réalisé à quel point tout dans ma vie concourrait à mon bonheur. Même lorsque je ratais les concours pour lesquels j'avais passé une année supplémentaire de ma vie à trimer en classe préparatoire, je me rendais compte à quel point l'école dans laquelle j'avais atterrit était celle où je devais être: la vie savait mieux que moi finalement! Quelle chance de pouvoir avoir tout ce qui me comblait matériellement et de voir que le destin m'emmenait là où le bonheur m'attendait! Mais, à côté de ça, quelle culpabilité quand je voyais les autres aller de galère en galère...

J'étais complètement coincée dans la cisaille annoncée par Thomas d'Ansembourg: sois heureux car tu as de la chance d'être là mais n'oublie pas que la vie est difficile (vois les autres)! Ma vie illustrait totalement les conséquences de cette cisaille: je ne me permettais pas d'occuper pleinement ma place par peur peut être d'occuper celle des autres. J'ai pris un tournant certain le jour où j'ai arrêté de culpabiliser ma chance.


Culpabilisation induite

Il y a eu plusieurs étapes à la suite de ce changement. D'abord il m'a fallu réaliser que je n'avais aucune culpabilisation à avoir: à quoi bon? Cela n'apporterai rien à ceux qui n'ont pas ma chance! Un ami m'a même suggéré que si j'avais de la chance, c'était peut être parce que je la créait. C'est vrai que j'avais toujours eu un caractère enthousiaste et joyeux qui, selon la loi d'attraction, attire à soi les énergies similaires... Cela permet d'ailleurs assez logiquement de ne VOIR que le meilleur! Je voulais bien croire à cette explication car cela me permettais de répondre à mon besoin derrière ma culpabilité: comment permettre aux autres d'accéder aux même états que moi?

Cela dit, ce n'est pas si simple que ça... Partager avec d'autres les recettes qui font votre bonheur est tout un art! Lorsque vous contez votre expérience intérieure qui vous a mené ça et là, d'aucun se sentent coupable de ne pas y arriver et hop, on créé l'effet inverse: découragement, jalousie...



L'incompréhension... ou pourquoi le développement personnel rend d'abord les gens malheureux

C'est ce qui m'est arrivé encore une fois lorsque toute enthousiaste que j'ai l'habitude d'être, je partage avec sincérité ma joie d'avoir réussi à faire un pas supplémentaire dans ma vie: accepter de me laisser soutenir financièrement par mon copain. Mon égo avait quelque chose de fort en lui qui se voulait indépendant et auto-suffisant. Quelle liberté de savoir que je peux également compter sur d'autres personnes pour vivre! J'ai appris plus tard que cela rejoignais totalement les enseignements amérindiens: offrir à l'homme la fierté de pouvoir protéger le féminin dans son ensemble (à commencer par moi) en acceptant ma propre vulnérabilité et en lâchant prise sur ma capacité à m'en sortir seule (ce sur quoi je n'ai absolument aucun doute).

C'est avec toute la bienveillance de mon entourage que j'ai pu recevoir en réponse à cela "j'espère que tu mesures ta chance car certains n'ont pas vraiment le choix ils sont seuls et nécessairement  indépendants et essayent d'être auto-suffisants". ARGH. Quelle déception, quelle tristesse d'être si mal comprise, si peu encouragée dans cette démarche difficile... A se demander si ça ne leur ferait pas plus plaisir que je trime comme une folle pour être sûr d'être dans du connu...

Je pense qu'au fond cela voulait dire "nous avons besoin d'être rassurés car ton expérience nous renvoi à des moments difficiles où il nous a fallu nous débrouiller seuls. Nous souhaitons t'éviter de tomber de haut." Voyez la différence? Est-ce que le passé nous égare tant qu'on ne peut s'exprimer clairement sur ce qui nous anime: la joie et le soutient plutôt que la peur et les leçons? Il est vrai que faire un tel choix de vie nécessite d'être dans une attention permanente à l'autre et de ses sentiments par rapport à la situation. C'est ce que j'apprends à faire avec la communication bienveillante (CNV)...et ça fonctionne!


Vivre dans le présent pour être intensément dans la Vie

A l'heure actuelle, je suis incapable de réaliser autre chose que d'écrire et extérioriser tout ce qu'il y a en moi. La société dans laquelle nous vivons n'a pas encore jugé utile de mettre en place un revenu de vie pour tous les citoyens, et permettre ainsi à la créativité de chacun de s'exprimer... J'ai donc décidé de profiter de mon abondance et de ne pas nier les cartes que la vie m'offrait. Ce fut un long travail sur moi pour accepter de me laisser financer ce bout de vie.

Oui cela représente des risques, mais "être heureux ce n'est décidément pas nécessairement confortable!". Tous les enseignements auxquels je me ressource sont des rappels à vivre l'instant présent, à être au contact de ses émotions et à répondre à son besoin de partage pour avancer et faire avancer les personnes qui nous entourent. Car c'est en assumant totalement sa chance que l'on peut en faire profiter les autres! L'important n'est pas d'être l'être parfait sur ce chemin, mais de vivre intensément ce que cette voie nous apprend, car elle est riche, tout comme la vie!

Je veux occuper pleinement ma place pour vivre intensément ma vie et pourquoi pas inspirer ceux qui cherchent à sortir des carcans de cette société limitante...

1 commentaire:

  1. J'ai lu d'une traite..!
    Fluide, juste (pour moi en tout cas..)
    Tout ça me parle beaucoup..!
    Merci beaucoup pour le partage Anne..
    Et j'espère vraiment à bientôt!!!

    Cécile

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